& les Chroniques
Express
Bank Myna
"Volaverunt"

"Volaverunt"
par Bertrand Hamonou
DATES | Sorti le 25 février 2022 | Publié le jeudi 7 avril 2022
ET ALORS | Un album qui paraît simultanément sur cinq labels différents, en voilà situation inédite et réservée à "Volaverunt", le premier album de la formation française Bank Myna, dont le nom est celui, en anglais, d’un oiseau : le Martin des berges. Dès lors, il n’est pas étonnant de découvrir un chant féminin et franchement assuré, qui s’élève gracieusement au dessus des déchaînements orchestrés de "Volaverunt", sur ce post-rock tour à tour expérimental, sacré puis mécanique. Mystérieuse et puissante, la musique de Bank Myna possède un avantage irrésistible : cette voix dont l’apparente fragilité rivalise avec la pression de ce monolithe de cinq titres enchaînés qui composent un disque fascinant, encadré par l’interventions de cloches qui sonnent au début et à la fin, suggérant le passage d’un rite initiatique. Les intonations et le timbre de Maud Harribey font penser ici ou là à ceux de Lisa Gerrard, entrainés par une basse qui laboure tout sur son passage. Mariant avec audace dream pop, drone et post-rock expérimental, "Volaverunt" se révèle être un disque mystérieux et vraiment à part, d’une élégance et d’une puissance rares, pour lequel il fallait bien les efforts conjugués de cinq labels pour briller dans toute sa splendeur.

Clan of Xymox
"Spider on the Wall"

"Spider on the Wall"
DATES | Sorti le 24 juillet 2020 | Publié le lundi 2 novembre 2020
POURQUOI | Clan of Xymox
ET ALORS | Et si l'on organisait un jeu ? Un grand blind test ? Où l'on tenterait de trouver le titre, l’année de sortie, et le nom de l’album sur lequel figure la chanson ? Mais l'originalité serait de s'intéresser exclusivement aux 200 chansons que Clan of Xymox a sorties depuis 1983. Et ce qui serait drôle, ce serait d’y jouer avec le chanteur et fondateur du groupe, Ronny Morrings lui-même. Ronny ? Ça te dit quelque-chose ? Tu en penses quoi ? "Michelle" ? Ok. "Louise" ? Très bien. "A Day" ? Bravo. "Stranger" ? Facile. "Muscoviet Mosquito" ? "This World", parfait. Ha. Mais celui là. Ceux-là ? Tous ceux-là ? Non ? Tu ne vois pas ? Nous non plus... Depuis les deux premiers albums du groupe, magnifiques, historiques (en occultant l’incartade du début des années 90 avec deux ou trois disques totalement incongrus à la sauce mancunienne), la musique de Clan of Xymox n’est depuis qu’un bloc, un monolithe, gigantesque et sans aucune aspérité. Seuls quelques clichés sortis d’un champs lexical très limité font parfois la différence, ici ce sera "She", "Lovers" ou "I Don't Like Myself", mais "Spider on the Wall" ne restera qu’un disque de plus du groupe, ni meilleur ni moins bon qu’un des seize précédents.

Bravery in Battle
"The House We Live In"

"The House We Live In"
DATES | Sorti le 28 mai 2020 | Publié le lundi 3 août 2020
ET ALORS | Il est des disques qui, de part la nature même de leur ambition, dépassent leur mission première pour s'en découvrir une autre, plus universelle encore. Et c’est le cas de "The House We Live In" de Bravery in Battle. Ce disque-livre-documentaire dont l’idée initiale est de mettre le post-rock un peu rêveur des Français au service des messages d’espoir pour une autre réalité, délivrés par des personnalités engagées, militant pour un nouveau monde basé sur d’autres principes, d’autres buts, d’autres règles du jeu que celui dans lequel nous évoluons. Le groupe associe alors son savoir-faire où la surenchère est proscrite, à la musicalité des voix d'intervenants extérieurs (Vandana Shiva, Hubert Reves, Bill McKibben ou encore John Francis ou Paul Hawken), mimée parallèlement par un arsenal de métallophone, Rhodes, vibraphone, glockenpiel ou encore un piano. Le rendu onirique qui en découle traduit notre émerveillement devant l'évocation de cette utopie expliquée tout au long de l'album et du documentaire. Ce projet inédit mêle avec justesse interviews et compositions pour un état des lieux d’une pensée pas si marginale que cela, que nous sommes impatients de voir fonctionner en live en novembre.

Wire
"10:20"

"10:20"
DATES | Sorti le 19 juin 2020 | Publié le mercredi 1 juillet 2020
ET ALORS | Et de dix-huit pour Wire depuis le début de leur carrière, ou de neuf depuis leur reformation au début du XXIe siècle, après dix ans de silence. Et en 2020, "10:20" est aussi le deuxième album depuis le début de l'année après l'excellent "Mind Hive" sorti en janvier ! Confinement oblige, bon nombre de musiciens n'ont plus eu rien d'autre à faire, enfermés chez eux, que composer, composer, encore et encore. Alors tant pis pour les concerts, pour le fan de base il n'y a pas mieux qu'un nouveau disque ! "10:20" n'est pas cependant un véritable album doté de nouveaux morceaux, mais il reprend avec brio (avec qui ?) le flambeau de "Change Become Us" sorti en 2013, à savoir des réinterprétations de leurs propres morceaux. Qui dit "réinterprétation" ne dit pas "reprise", car cela va plus loin : Wire est capable de détruire soigneusement ce qui avait fait le succès d'un titre pour le reconstruire avec une rare intelligence, de nouveaux instruments et de nouvelles émotions. Et pour terminer cette chronique comme on l'a commencée, par des chiffres, ajoutons que l'âge est loin d'être rédhibitoire en matière de qualité : soixante ans, cela fait trois fois vingt ans, peut-être l'âge où l'on est le plus prolixe...

Sex Swing
"Type II"

"Type II"
DATES | | Publié le lundi 1 juin 2020
ET ALORS | Après un EP six titres paru fin 2016 dont nous ne ouîmes aucun écho, Sex Swing vient de sortir son premier album (sept titres, on change de catégorie), "Type II", et quel album ! Celui-ci est à l'image de la pochette et de la vidéo du single "The Passover" : malsain, morbide, avec tous les ingrédients propres à ravir tout ce que la musique compte de teigneux et de frustrés de tous âges. On pense aux Swans ou aux premiers Coil par le côté possédé, hypnotique et lancinant de la musique, ou plus près de nous à Pop. 1280 ou The Skull Defekts pour la hargne et la violence latente qui se dégagent de l'ensemble. Si vous aimez les saxos hurleurs, les synthés glacials, les basses énormes, les guitares tranchantes et le chant d'outre-tombe, vous serez ravis. Sex Swing vient d'Angleterre et deux de leurs quatre membres ont survécu l'un à un accident d'avion, l'autre à la foudre, c'est dire s'ils sont inspirés.

Paradise Cove
"Dead End"

"Dead End"
DATES | Sorti le 21 février 2020 | Publié le mardi 14 avril 2020
ET ALORS | Avec ce premier album sorti sur le label allemand Cold Transmission, ce duo originaire de La Ciotat (sud de la France) s’inscrit avec conviction dans la veine du revival post-punk/cold wave qui nous inonde de productions excitantes depuis au moins dix ans. Très marqué par les années 80, le style développé par Nicolas et Stéphane est sobre et rigoureux, sans réelles tentations pop ou dancefloor : dix chansons sombres et tendues composent ce premier effort cohérent et accrocheur. La formule est assez évidente : un motif de guitare entêtant typiquement cold/goth tourbillonne en tête, soutenu par une basse omniprésente et une boîte à rythmes solide, tandis que le chant grave et convaincant porte des mélodies qui s’avèrent relativement accrocheuses. On pense à She Wants Revenge, dans une version moins synthétique, au fil de ces compositions qui semblent globalement toutes taillées dans le même moule. Il manque sans doute à la musique du groupe une étincelle qui lui permettrait de se distinguer, peut-être quelques arrangements plus riches ou plus variés pour envelopper ses compositions… Néanmoins, certaines chansons finissent par sortir du lot, pour nous offrir notre dose d’énergie ténébreuse.

Riki
"Riki"

"Riki"
DATES | Sorti le 14 février 2020 | Publié le mercredi 25 mars 2020
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | On se plaint souvent lorsqu'un artiste donne trop d'indices sur ses intentions, les distillant à l’envi à travers son look, le graphisme, ou encore les titres de ses chansons. Mais l'on déplore tout autant lorsqu'ils n'en donne aucun. Avec Riki, c'est encore autre chose ! Si les indices sont bien présents, en masse même, avec une photo de l'artiste sur la pochette qui exhibe un look androgyne entre Alphaville, Bonnie Tyler, Valor et Adam Ant, des sonorités électroniques qui semblent la majeure partie du temps émaner d'un "orgue" Bontempi, des mélodies qui parfois nous rappellent le hit des années 80 "Popcorn", un chant parfois en allemand qui nous renvoie à "Da Da Da" ou "Der Kommissar", des lignes de synthés sorties tout droit d'un tube de Kajagoogoo… on reste malgré tout incapable de savoir ce à quoi l'on a exactement affaire. Parce que ce disque est au final beaucoup moins vintage qu'il en a l'air, plus sombre, plus mélancolique et bien moins superficiel que tous les repères auxquels il fait référence, parce que derrière cette italo-disco et ce faux rétro-futurisme se dévoilent les fantômes de Siouxsie, parce que si les apparences sont souvent trompeuses elles sont ici carrément labyrinthiques.

2Kilos &More
"Exempt"

"Exempt"
DATES | Sorti le 12 février 2020 | Publié le lundi 23 mars 2020
ET ALORS | C’est éclatés sur la pochette de leur déjà cinquième album studio qu’apparaissent Séverine Krouch et Hugues Villette : nous étions habitués à les voir de dos ou grimpés dans les arbres, cette fois il sont tout simplement démembrés ! À la première les guitares, au second les parties rythmiques, la composante électronique est quant à elle partagée afin de cimenter des compétences mixtes et complémentaires à l’origine de cet unique subtil dosage d’electronica et de post-rock instrumental que l’on retrouve du début à la fin d’"Exempt". Le duo français reçoit bien entendu une fois de plus la visite de l’ami poète américain Black Sifichi qui en profite pour commencer par s’allumer une cigarette en trois tours de molette de briquet. Il y a toujours cette économie dans la forme, celle qui donne aux compositions de 2Kilos &More leur aspect de matériau très brut et leur confère une part d’authenticité, lesquelles apparaissent dès lors à l’opposé des flamboyances de Meta Meat, l’autre duo que Hugues forme avec Phil Von. Et si aujourd’hui trois labels de qualité sont impliqués pour la sortie du CD, du LP et la diffusion de la version digitale, c’est que cette fois c’est la bonne, on vous le garantit.

Undertheskin
"NEGATIVE"

"NEGATIVE"
DATES | Sorti le 15 mars 2019 | Publié le mercredi 18 décembre 2019
ET ALORS | Difficile de comprendre comment ce "Negative" de Undertheskin réussit aussi rapidement à nous happer dans un univers dont on croyait déjà connaître les moindres recoins et qui à vrai dire ne nous passionne plus vraiment en 2019. La formation originaire de Cracovie en Pologne utilise en effet ici tous les codes "gothiques" que l’on croyait abandonnés au passé, et les réexploite d’une façon pourtant assez classique mais en parvenant malgré tout à offrir un résultat vraiment étonnant. Parce que si il n’y a au final rien de très original dans la façon dont le groupe procède, force est de constater que la sauce prend dès le début et ne flanche pas jusqu’au terme des sept titres que compte le disque. À la fois sombre et très mélodique, l’ensemble est porté par la voix caverneuse et charmeuse de Mariusz ?uniewski à laquelle on s’accroche jusqu’au terme de ce premier album, porté par une basse lancinante, hypnotique, et des synthés qui permettraient presque à Undertheskin de rafraîchir le genre. Une très très belle surprise.

Pleasure Symbols
"Closer and Closer Apart"

"Closer and Closer Apart"
DATES | Sorti 24 mai 2019 | Publié le lundi 16 décembre 2019
ET ALORS | Une guitare que la réverb bien maîtrisée fait sonner comme une harpe, une basse bien plantée, et un chant féminin froid et lancinant qui flotte au-dessus de l’ensemble en nous racontant de troublantes histoires. Une étrangeté qui en piochant à la fois dans le shoegaze, la cold wave et le post-punk parvient à créer des ambiances sommes toutes plutôt originales et surtout assez plaisantes. La formation, originaire de Brisbane, a signé pour son premier album sur le label italien Avant! Records et réussi avec "Closer and Closer Apart" un très bel exercice, inventif et soigné. qui bien que reprenant des éléments "classiques" des genres sus-cités réussit à créer quelque chose d’assez inédit et de particulièrement esthétique.

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